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mercredi 27 avril 2022, par
I. PRESENTATION DE L’INSS
L’Institut des Sciences des Sociétés (INSS) est l’une des plus anciennes structures de recherche du Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (CNRST) qui tire ses origines de l’Institut Français d’Afrique Noire (IFAN) fondé à Dakar au Sénégal en 1936 et implanté au Burkina Faso (la Haute Volta de l’époque) en 1949. Après l’indépendance politique du pays en 1960, l’IFAN est renommée Centre Voltaïque de la Recherche Scientifique (CVRS). En 1978, a été créé au sein du CVRS, le Département des Sciences Sociales et Humaines (DSSH). En 1981, suite à la création du Ministère de l’Enseignement Secondaire, Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESSRS), le DSSH fut érigé en Institut de Recherche en Sciences Sociales et Humaines (IRSSH) avec deux départements : le département socio-économie et le département tradition et culture.
Depuis l’adoption du Plan Stratégique de la Recherche (PSR) en 1995, l’IRSSH est devenu l’Institut des Sciences des Sociétés (INSS). L’INSS, en tant que pôle de référence des recherches en sciences sociales et humaines au Burkina Faso, œuvre à faire progresser au meilleur rythme et à maintenir au plus haut niveau les connaissances scientifiques et technologiques dans ses domaines de compétence.
Selon son statut, l’institut des sciences des sociétés (INSS) a pour mission de mener des recherches dans le domaine des sciences sociales et humaines en conformité avec les objectifs stratégiques nationaux. Il traduit sa vision à travers un cadre stratégique de la recherche formulée ainsi qu’il suit : À l’horizon 2024, « l’INSS est une structure de référence nationale et internationale en matière de recherches sur l’homme et la société ». Pour mener à bien les missions qui lui sont confiées, l’INSS se fixe des objectifs stratégiques suivants :
o Renforcer et dynamiser les capacités institutionnelles et de gouvernance ;
o Concevoir et conduire des activités de recherche en sciences sociales et humaines ;
o Renforcer les capacités opérationnelles des départements, et exécuter les projets et programmes de recherches ;
o Valoriser les résultats de recherches en sciences sociales et humaines, les inventions et innovations ;
o Accompagner les politiques et programmes de développement sectoriels ;
L’atteinte de ces objectifs passe par la production et la valorisation de savoirs et de connaissances sur les hommes et les sociétés. C’est dans cette optique que sont organisées les journées scientifiques.
Les présentes journées scientifiques sont une opportunité pour l’INSS de traduire en actes ses objectifs quatre et cinq : « Valoriser les résultats de recherches en sciences sociales et humaines, les inventions et innovations » et « Accompagner les politiques et programmes de développement sectoriels »
II. CONTEXTE ET JUSTIFICATION
Crises sanitaire et sécuritaire au Burkina Faso et résilience des populations
Le mot crise vient du grec « crisis » et se rapporte à l’action de distinguer, de choisir, de séparer ou encore de décider. Manifestement, le sens originel du mot portait moins sur les éléments factuels que sur l’action pour résorber une situation donnée notamment en décidant les choix à opérer. Aujourd’hui, la crise s’entend de toute situation de trouble profond dans laquelle se trouve une société ou un groupe social donné et faisant apparaître un bouleversement durable ou non. Le concept de crise est un terme générique susceptible de s’associer à n’importe quel phénomène social. A cet égard, il n’est pas rare d’entendre parler, bien souvent de crise politique, crise économique, crise agricole, etc. la définition actuelle de la crise met plutôt l’accent sur les données factuelles. Il y a probablement une perte de sens permettant l’emploi pour conduire une action précise.
Qu’à cela ne tienne, Edgar Morin considère que la crise est un « moment où, en même temps qu’une perturbation, surgissent les incertitudes ». La crise sanitaire mondial actuel marquée par l’apparition du Covid-19 et ses conséquences dramatiques sur la santé, l’économie, la politique internationale, amplifiée par une crise sécuritaire inédite au Burkina Faso, illustrent une perturbation profonde du fonctionnement normal de l’Etat et accentuent, sans doute les incertitudes pour l’avenir du pays.
Apparu au Burkina Faso en mars 2020, le Covid-19 a entrainé, au gré de l’apparition de ses nombreux variants, des bouleversements considérables en mettant en difficulté les capacités de riposte et de prise en charge sanitaire du système de santé. Au plan économique, la crise sanitaire a entrainé une décélération de la croissance et une paupérisation accentuée des couches de la population les plus vulnérables. Cette crise sanitaire est aggravée par la crise sécuritaire notamment l’intensification des attaques sur la majeure partie du territoire national, la multiplication des assassinats liés aux attaques terroristes, le déplacement massif de population, la perte considérable de produits issus de l’agriculture et de l’élevage, etc.
La persistance de ces crises dans le temps et dans l’espace face un à contexte socio-politique où l’on semble se trouver dans une sorte d’apathie, d’incapacité et de manque de proactivité pour juguler les crises et leurs conséquences, pourrait conduire à une désagrégation de la société et de ses valeurs. La crise sécuritaire présente à cet égard, de par sa nature, ses acteurs, son intensité et ses finalités, les germes susceptibles de désarticuler l’exercice des compétences régaliennes et remettre en cause l’autorité de l’Etat. Il apparaît évident que la crise peut déstabiliser la structure même d’un Etat, et cela corrobore l’affirmation du général Loup Francart selon laquelle, la crise se traduit en définitive, comme une « rupture et agit comme un révélateur de nouvelles réalités ».
Les incertitudes et les nouvelles réalités générées par les crises sanitaires et sécuritaires appellent, de la part, d’une institution de recherche comme l’INSS, une réponse structurante, systémique et stratégique et mettant au centre de l’action la population comme ressource primaire pour assurer une résilience responsable et durable. A cet égard la conjugaison des données théoriques et empiriques sous forme de communications présentées par la diversité des chercheurs en sciences sociales et humaines peut servir d’aide à la décision publique.
III. OBJECTIFS
Objectif général :
Contribuer à la visibilité et à la valorisation des résultats scientifiques de l’INSS/CNRST
Cet objectif général se décline en objectifs spécifiques
Objectifs spécifiques :
Présenter l’INSS
Valoriser les recherches de l’INSS,
Susciter des partenariats avec les institutions en charges de l’éducation, de la culture et du développement
Proposer des pistes et des réflexions pertinentes pour la prise en compte dans le développement des réalités locales
Pour répondre à ses objectifs, six axes de recherche en lien avec le thème général ont été définis.
IV. AXES DE RECHERCHE
Axe 1 : Education en situation d’urgence (ESU)
Depuis 2015, le Burkina Faso est en proie à des attaques répétitives et funestes qui affectent tous les secteurs de développement du pays. Les conséquences de ces attaques terroristes se sont manifestées plus sévèrement dans le secteur de l’éducation à partir de 2017. Selon Human Right Watch (2021), entre 2017 et 2020, le pays a connu plus de 126 attaques ciblant des élèves, des professionnels de l’éducation et des écoles. À la fin de l’année scolaire 2020-2021 le Burkina Faso comptait 2,244 écoles fermées, affectant 304,564 élèves (156,518 garçons et 148,046 filles) et 12,480 enseignants (7,912 hommes et 4,568 femmes).
Il faut noter qu’avant la crise sécuritaire, le système éducatif accusait déjà des faiblesses internes et externes imposant un environnement non propice à la réussite scolaire dans plusieurs zones dont les zones actuellement touchées par le terrorisme.
Avec la crise, les problèmes qui se posent en premier pour le système éducatif deviennent :
1. La destruction et les fermetures d’écoles et établissements scolaires ;
2. Les assassinats et les diverses violences à l’endroit des personnels de l’éducation ;
3. L’augmentation des redoublements, abandons et échecs scolaires et faibles taux de rétention ;
4. Restrictions à la mobilité à l’école, à l’insécurité à destination, en provenance et à l’intérieur des écoles.
En outre, il faut noter que les enfants non scolarisés ou déscolarisés, les garçons comme les filles, dans les zones de conflit, sont vulnérables au recrutement par les forces armées. Dans cette situation les filles étant plus particulièrement touchées par les risques d’attaques et de violences sexuelles.
Pour cet axe, les sous axes privilégiés sans être définitifs sont :
1. Éducation, genre et la crise sécuritaire
2. L’expression du droit à l’éducation dans les zones de crise sécuritaire
3. Infrastructures scolaires et crise sécuritaire où la question de la sécurité des écoles et/ou dans les écoles
4. La sécurité des écoles et/ou dans les écoles
5. Les enseignants dans le cirse sécuritaire
6. Perceptions sur l’état psychologique et mental des personnels enseignants
Initiatives de résilience et leurs limites ; recommandations
Axe 2 : Stratégie de résilience des populations
En situation de crises multifacettes, comme c’est le cas pour la situation sécuritaire et sanitaire au Burkina Faso, la définition d’une somme d’actions coordonnées dans le temps et dans l’espace parait être une exigence indispensable. A cet égard, la stratégie de résilience est fondée sur un dispositif prenant en compte les données existantes au plan international, régional et national. Particulièrement au plan national, il apparait important de tenir compte d’un certain nombre d’instruments indispensables pour définir une vision stratégique. Il s’agit notamment de l’Etude Nationale Prospective Burkina 2025, de l’Etude prospective sectorielle santé 2030, du Plan national du développement économique et social (2021-2025) et de la politique et de la stratégie nationale de sécurité, récemment élaboré. L’ensemble de ces ressources d’analyse et d’action de la situation nationale devrait permettre de fixer les jalons d’une résilience des populations face à la complexité des crises existantes. Ainsi, au centre de définition d’une résilience des populations réside la question préalable de l’existence d’une stratégie de résilience, de son contenu et de ses résultats probants. Ce diagnostic préalable permet ainsi d’engager une réflexion sur les modalités concrètes d’une stratégie efficace pour agir de manière conjoncturelle et structurelle sur les crises en présence. Plusieurs pistes de réflexions peuvent être explorées pour définir une stratégie de résilience des populations. Il s’agit, entre autre, de :
Définir les principes d’actions de la résilience des populations ;
Déterminer la cohérence d’ensemble entre la présente stratégie et les autres stratégies pertinentes ;
Analyser les dynamiques de l’organisation de l’action de la résilience des populations en fonction de l’évolution des crises ;
De projeter les résultats souhaitables à court, moyen et long terme.
Axe 3 : Crises et situations économique et sociale
La situation sécuritaire du Burkina Faso due aux attaques terroristes ainsi qu’une poursuite de la pandémie de la COVID 19 peuvent avoir de graves conséquences sur la situation économique et sociale du pays et risquent de réduire considérablement les efforts entrepris depuis de nombreuses années en matière de développement. L’axe ‘Crises et situations économique et sociale’ vise à produire des résultats scientifiques sur le lien entre les crises sécuritaire et sanitaire et la situation économique et sociale du Burkina Faso.
Quels peuvent être les effets ou l’impact des différentes crises sécuritaire et sanitaire sur l’environnement économique et social du pays et sur les conditions de vie socioéconomique des populations. Comment les populations s’adaptent-elles aux conséquences socioéconomiques de ces crises ? Existent-ils des politiques publiques en matière de résorption de ces crises et quels sont leurs conséquences économiques et sociales ? Les propositions de communication s’orientant vers ces questionnements sont particulièrement encouragées.
Axe 4 : Problématique des Personnes déplacées Internes dans les crises sanitaires et sécuritaires
Selon la convention de Kampala, les Personnes Déplacées Internes (PDI) désignent « les personnes ou groupes de personnes ayant été forcées ou obligées de fuir ou de quitter leurs habitations ou lieux habituels de résidence, en particulier après, ou afin d’éviter les effets des conflits armés, des situations de violence généralisée, des violations des droits de l’homme et/ou des catastrophes naturelles ou provoquées par l’homme, et qui n’ont pas traversé une frontière d’État internationalement reconnue » (Union Africaine, 2009, p. 3). Le Burkina Faso fait l’objet de nombreuses attaques terroristes depuis janvier 2015 et plusieurs communes ont été affectées sur l’ensemble du territoire national. A la date du 31 août 2021, le nombre de Déplacées Internes (PDI) s’élève à 1 423 378 personnes contre 287 490 personnes au Mali, 291 061 personnes au Niger, 401 511 personnes au Tchad.
Les principaux bassins de ces déplacements forcés concernent principalement à ce jour 4 régions : le Sahel, le Centre Nord, l’Est et le Nord comme zones de départ. L’ensemble des 13 régions constituent des zones d’accueil de ces personnes déplacées internes (CONASUR, 2021). Ces PDI se sont réfugiées en grande partie dans les communes rurales, souvent dans la même région, mais aussi dans des villes à forte vulnérabilité : pauvreté, chômage des jeunes, aléas climatiques, etc.
Sur les 351 communes que comptent le pays, 274 ont enregistré les PDI à la date de 31 août 2021. Parmi celles-ci 26 ont accueilli au moins 10 000 personnes correspondant à la taille de populations des petites villes au recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 2006 dont 9 dans la région du Sahel, 10 dans le Centre-Nord ; 4 dans la région de l’Est ; 2 dans la région du Nord et 1 dans le Centre-Ouest. Les communes rurales sont majoritaires, 17/26. Les communes urbaines concernées sont des villes moyennes, chef-lieu de province et de région (Dori, Kaya, Ouahigouya, Fada N’Gourma) ou seulement de chef-lieu de province (Djibo, Gorom-Gorom, Kongoussi, Titao) mais aussi de petites villes comme Sapouy.
Cette concentration spatiale des PDI dans leur chef-lieu de province de résidence, à l’exception de celles de la commune de Sapouy qui n’est pas pour l’instant une zone d’attaques terroristes, traduisent la stratégie d’accueil des populations déplacées par le gouvernement. Ces communes rurales ou les petites villes sont faiblement équipées en infrastructures sociocommunautaires de base. Les habitats sont plus précaires (toit en paille, mur en banco, brousse comme lieu d’aisance) ; les services urbains de base sont insuffisants (toilette publique, caniveaux inexistants. Les infrastructures socioéconomiques demeurent toujours faibles ((INSD, 2009).
Les infrastructures existantes sont sous pression et largement insuffisantes pour couvrir les besoins des populations locales et des déplacées dans les zones d’accueil : moyens de subsistances, éducation, santé, habitation, protection sociale, chômage, , etc.
Fort de cette préoccupation majeure, il est nécessaire d’interroger sur l’impact de la stratégie d’accueil et réintégration des PDI du gouvernement.
Axe 5 : Réponses institutionnelles et gouvernance
Face aux crises sanitaires et institutionnelles, l’Etat agit en vue d’y apporter des réponses pour la protection du citoyen. Cette posture implique un double engagement de la part de l’Etat. D’une part, il s’appuie sur les dispositifs juridiques et institutionnels déjà disponibles pour matérialiser sa volonté de sécurisation et de protection du citoyen ou s’attèle à la création de dispositifs juridiques et institutionnels nouveaux en lien avec la nature des crises. D’autre part, il met en place un système d’action faisant interagir une diversité d’acteurs pour produire les réponses. Dans ses interactions avec lui-même ou avec les acteurs qui lui sont extérieurs, les modes de gouvernance peuvent varier en allant de l’usage des modes de gouvernance encours à l’implémentation de nouvelles formes de gouvernance. A partir de l’observation des différentes crises sanitaires et sécuritaires qu’a connu le Burkina Faso, ce présent appel voudrait, d’une part, analyser ces dynamiques institutionnelles et de gouvernance afin de parvenir à une connaissance des modes de réaction de l’Etat quand il s’agit de gérer ces types de crises et d’autre part, comprendre comment ces crises constituent des lieux de connaissance et de construction de l’Etat africain et burkinabè particulièrement.
Axe 6 : Communication en situation de crise
Cet axe de recherche vise à saisir la manière dont les crises sanitaire (COVID 19) et sécuritaire (terrorisme, conflits communautaires…) sont traitées par la communication et les médias. Dans un monde de plus en plus numérique dominé par l’« infobésité » (flux et surabondance d’informations diffusés sur la toile) et par l’ « infodémie » que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit comme étant l’épidémie des fake news et de désinformations liée à la COVID 19 circulant dans l’espace public réel et virtuel, se pose la question de la responsabilité des communicants étatiques et des journalistes face au traitement de l’actualité sanitaire et sécuritaire.
Comment se pratique la communication publique dans le contexte des crises sanitaire et sécuritaire et dans quelle mesure permet-elle aux citoyens de mieux comprendre les enjeux y relatifs et de s’adapter aux directives sanitaires et sécuritaires édictées ? Quelles stratégies et approches de communication conviennent-elles à ces situations éprouvantes caractérisées par la peur, l’angoisse et l’instinct de survie ? Quels rôles les médias d’information peuvent-ils jouer pour renforcer les mécanismes de résilience des populations affectées et non affectées ? Comment ces médias peuvent-ils informer les populations dans ce nouvel environnement du tout-numérique sans faire le jeu des groupes armés terroristes et sans être à la remorque des nouveaux acteurs médiatiques que sont les cyberactivistes et les lanceurs d’alerte ?
Les propositions de communication s’orientant vers la contribution de la communication publique à la gestion des crises sanitaires et sécuritaires ou vers les rôles des médias dans le renforcement de la résilience des populations sont particulièrement encouragées.
V. Chronogramme de l’appel à communication
18 février 2022 : Lancement de l’appel à communication
18 mars 2022 : Evaluation des résumés
31 mars 2022 : retour aux auteurs
15 avril 2022 : retour des communications.
Semestre 2 2022 : Publication des articles
vi. Dates et lieu
les journées scientifiques se tiendront les 27, 28 et 29 avril 2022 au siège de l’INSS sis à Nongremassom
Public : -les chercheurs de l’INSS, de l’IRSS, de l’IRSAT et de l’INERA, MESRSI, MENPLNA, MCAT, les partenaires techniques et financiers de l’INSS et de la recherche.
Contenu des journées scientifiques : des communications scientifiques, des expositions des résultats scientifiques des quatre instituts du CNRST, un panel d’échanges entre INSS et partenaires.
Un comité d’organisation est mis en place pour coordonner et planifier les activités de ces journées scientifiques.
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